SIONÉ Fati, tradipraticienne soigne et fortifie les bébés grâce aux vertus des plantes, au marché Naabi Yaaré dans le quartier « Dag-noën » de Ouagadougou. Initiée dès l’âge de 15 ans par sa mère, elle perpétue une tradition familiale.

Dans le tumulte du marché Naabi Yaaré, au quartier « Dag-noën » de Ouagadougou, SIONÉ Fati se distingue par son savoir-faire et sa passion pour la médecine traditionnelle. Dès l’âge de 15 ans, elle a été initiée par sa mère, feue Lengani Fatimata, aux secrets des plantes et à leur usage pour soulager les maladies. « Ma mère a appris à soigner dès son jeune âge aux côtés de son père. Elle a exercé ce métier pendant plus de cinquante ans », raconte dame SIONÉ. Depuis, elle soigne et fortifie les bébés grâce aux vertus des plantes.
Soigner bébés et adultes, son sacerdoce
Sous son hangar au marché de Naabi Yaaré, SIONÉ Fati traite à base de plantes les bébés et les adultes. Chez les bébés, les maux qu’elle soigne sont les mycoses infantiles, les maladies diarrhéiques. Elle met également à la disposition des mamans des bébés des tisanes destinées à rendre vigoureux leurs enfants quand ils sont faibles. « Lorsque des nourrissons naissent fragiles, leurs mères viennent chercher ses tisanes pour les fortifier et les rendre vigoureux », explique-t-elle.
Les adultes, quant à eux, bénéficient de remèdes pour traiter les hémorroïdes, les maux de ventre, les ulcères, l’hypertension ou encore les arthroses.
Pour poser son diagnostic, Fati s’appuie sur les observations des mères pour les nourrissons et sur les explications des adultes pour eux-mêmes. Sa pratique repose autant sur l’expérience que sur l’écoute attentive des patients.

Une pratique en harmonie avec la médecine moderne
Loin d’être isolée, elle collabore avec les agents de santé locaux. A cet effet, des cadres de concertation sont institués afin de faciliter les échanges sur diverses thématiques notamment l’accueil des patients, le suivi des traitements, etc. Lorsqu’elle rencontre des difficultés dans la gestion de certains cas, dame SIONÉ n’hésite pas à orienter les patients vers les centres de santé pour un suivi médical complémentaire. « Nous sommes complémentaires. Quand nous ne pouvons pas agir seuls, ils interviennent et vice versa », a-t-elle- fait savoir. Par exemple, pour les cas d’enfants très affaiblis par les maladies diarrhéiques, elle oriente systématiquement les familles vers l’hôpital pour des soins d’urgences. « À notre niveau, aucune tisane ne peut restituer rapidement toute l’énergie perdue par un enfant victime de diarrhée. À l’hôpital, en revanche, les perfusions permettent de le faire », précise-t-elle.
Emmanuel, la relève et un rêve réinventé

Zouré Emmanuel, fils de SIONÉ Fati, a grandi en observant sa mère et rêvait de devenir médecin. L’âge avancé auquel il a obtenu son baccalauréat, l’a empêché de suivre des études classiques. Il s’est alors tourné vers l’herboristerie, poursuivant avec passion l’œuvre maternelle. « Je venais, j’observais, j’aidais un peu, et petit à petit, j’ai appris », confie-t-il.
Aujourd’hui, il soigne bébés et adultes pour des infections variées, allant des mycoses infantiles à l’hypertension, en passant par la dysenterie. Sa plante favorite est l’Euphorbia hirta, parce qu’à elle seule, elle soigne de nombreuses maladies notamment l’hypertension, la dysenterie et l’hépatite.
La force de l’œuvre de dame SIONÉ Fati ne réside pas seulement dans ses tisanes, mais dans le savoir qu’elle transmet et l’espoir qu’elle insuffle à la nouvelle génération. Son fils Emmanuel en est le prolongement, perpétuant avec dévotion cette tradition familiale.
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Youmanli DOUMI (stagiaire)