« Mon père m’a dit qu’un jour je serai tradipraticien, j’ai refusé et je suis devenu aveugle », c’est l’histoire de Karim Zouré, dit Sodaga, tradipraticien au quartier zone 1 de Ouagadougou. Depuis plusieurs dizaines d’années, Sodaga soigne enfants et adultes grâce au savoir ancestral reçu de ses aînés. Sa renommée s’étend au-delà de son quartier et attire des patients venant de tous les coins de la ville. Son leitmotiv est « soigner pour le bien-être des populations » et sa récompense, la gratitude de ses patients.

Originaire de Garango et issu d’une lignée de chasseurs, Karim Zouré, dit Sodaga a grandi auprès de son père et de ses oncles, tous tradipraticiens. Ses premiers pas dans l’apprentissage remontent aux années 1960. Au départ, il refuse cette vocation. « Mon père m’a dit qu’un jour je serai aussi tradipraticien. Je lui ai dit que je ne voulais pas. Je suis devenu aveugle pendant vingt-neuf jours. Ce n’est que lorsque j’accepte ma destinée que mes yeux s’ouvrent de nouveau », se souvient-il. C’est ainsi qu’il a reçu le don de soigner.
Dans son quartier zone 1 de Ouagadougou, plusieurs femmes se bousculent pour faire soigner leurs enfants. « Qui a fait tomber l’enfant ? », « Toi, tu es à la recherche de la maternité », « l’enfant a été déformé à la naissance », « ton enfant n’est pas le seul malade, tu l’es également », voilà les révélations que Sodaga fait à ses patients en leur remettant les tisanes.
Grâce au don qu’il a reçu, SODAGA peut détecter et soigner de nombreuses maladies. Dès qu’un patient franchit le seuil de sa cour, il perçoit ce dont il souffre. « C’est un don de Dieu », confie-t-il. Pour les soins, SODAGA utilise des plantes variées, dont il a une connaissance parfaite. « Toutes ces feuilles que vous voyez, je suis au courant d’elle, j’ai le don de savoir ce qu’elles soignent », indique-t-il. Par ailleurs, il a enrichi et consolidée ses connaissances au fil de ses nombreux voyages à travers le Burkina Faso et les pays voisins. « Je connais beaucoup de ville du Burkina Faso et d’autres pays, ce qui m’a aidé à accroitre mes connaissances sur les arbres et sur ce qu’ils soignent », a fait savoir Sodaga
Il reçoit des patients atteints de diverses pathologies. « Des gens arrivent ici avec des maladies qu’ils trainent depuis la naissance. Je les soigne », explique-t-il. Sodaga soigne diverses maladies notamment les attaques mystiques, les mycoses infantiles, la dentition, le retard de croissance, les hémorroïdes, les déboitements, les paralysies, les troubles rares et les troubles liés aux interdits bravés.
« Quand je suis venu le voir, dès le premier traitement, j’ai senti un grand soulagement. Aujourd’hui, je suis là pour un deuxième et j’espère que j’irai davantage mieux », témoigne Zachary Zouré un jeune homme qui souffre depuis 2019 d’une lésion cérébrale dorsale. Il explique que selon les médecins, c’est un mal qui nécessite une double opération pouvant entraîner une paralysie.

Fati Kabore, quant à elle, témoigne avoir trouvé chez Sodaga une solution aux troubles de sommeil de son enfant. « Mon enfant avait une blessure depuis sa naissance que j’ignorais. Grâce à ses soins, le problème est en cours de résolution », nous confie la jeune dame.

Fidèle aux traditions de ses ancêtres, SODAGA ne fixe jamais de prix pour ses soins. Les patients donnent ce qu’ils ont, parfois même, rien. « Chez nous, quand on traite, on ne donne pas de prix et ce depuis mes ancêtres », a laissé entendre Sodaga. Pour lui, soigner est un service à but non lucratif.
À l’heure où la médecine moderne s’impose partout, reléguant les tradipraticiens au second plan, Zouré Karim dit SODAGA demeure un gardien de savoir ancestral qui continue d’apporter soulagement et espoir. Sous son hangar à Tabtenga, il perpétue l’héritage de ses ancêtres, persuadé que son pouvoir n’est ni un moyen de richesse ni de gloire, mais une vocation et une mission à accomplir.
Youmanli DOUMI (Stagiaire)
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