La calebasse encore appelé “Wahmdé’’ en mooré, ‘’gnonkpoune’’ en lobiri, ‘’yiega’’ en gourmantchéma, est un symbole sacré dans la vie quotidienne et dans les pratiques traditionnelles des communautés peule, lobi, gourmantcheba et mossé du Burkina Faso. Elle est présente à toutes les étapes de la vie de ces peuples : naissance, mariage, rites funéraires.
En ville ou en campagne, chez les mossé, lobi, peulhs et gourmantcheba, la calebasse ou “Wahmdé’’ en mooré, ou ‘’gnonkpoune’’ en lobiri, ou ‘’yiega’’ en gourmantchéma, incarne la culture, la spiritualité et la mémoire collective des sociétés africaines. Elle accompagne l’homme et la femme à chaque étape de la vie : du berceau à la tombe, des rituels domestiques aux grandes cérémonies et dans la conception des instruments de musique traditionnelle.
Au-delà de son usage domestique notamment pour cuisiner, conserver et servir les aliments et les boissons, la calebasse est un vecteur de convivialité et d’hospitalité en pays lobi, mossi, peulh et gourmantché. Offrir de l’eau, du dolo (bière de mil) ou du lait dans une calebasse à un visiteur est un acte symbolique : il signifie que l’invité est accueilli avec chaleur, respect et considération. Ainsi, même dans son usage le plus simple, la calebasse transmet des valeurs sociales profondément ancrées.
La calebasse symbole d’alliance
Dans le contexte des unions et des alliances, la calebasse revêt une symbolique profonde. Chez les mossé comme chez les gourmantcheba, la calebasse accompagne la femme lors de la cérémonie nuptiale et constitue une pièce maîtresse de ses possessions rituelles, symbolisant son passage à la vie conjugale. Chez les Peuhls, elle sert de récipient pour les colas et les autres éléments de la dot. Cet objet traditionnel sert à symboliser l’union et renforcer les liens entre familles. Dans la tradition des lobi, la calebasse joue un rôle essentiel lors du mariage traditionnel : elle contient les objets sacrés symbolisant l’engagement, indispensables pour sceller l’union entre les futurs conjoints. Sans elle, l’union ne peut être célébrée.
La calebasse, un élément important pour les rituels de naissance
Dès la grossesse, la calebasse intervient dans les cérémonies préparatoires à l’arrivée du nouveau-né. Les gourmantcheba, l’utilise lors des rites prénataux, en vue de protéger la mère et l’enfant. Dès la naissance de l’enfant, la calebasse est encore sollicitée pour le premier bain ou bain rituel du nouveau-né. Chez les mossé, en plus du bain, elle est utilisée dans la confection des couveuses traditionnelles pour les bébés prématurés.
Dans les rites funéraires
Les usages funéraires de la calebasse illustrent la dimension spirituelle et symbolique de cet objet dans la culture traditionnelle. Chez les Gourmantchés, les enfants du défunt portent la calebasse pour marquer leur appartenance à la lignée. Chez les mossé lors des funérailles, la pose solennelle de la calebasse dans la maison sacrée de la famille symbolise le retour de la défunte à ses origines, marquant la fin de son cycle de vie. Elle est aussi utilisée pour le rite de la « prise de calebasse funéraire » (Rik-wamde ou Zu-fôka) qui consiste à utiliser une calebasse neuve pour représenter une femme décédée loin de son village et ramener symboliquement son deuil parmi les siens. Chez les Peuhls, elle est indispensable pour la toilette funéraire. Elle est utilisée pour apporter l’eau utilisée pour laver le défunt et préparer les rituels. Chez les Lobi, la destruction d’une calebasse à l’endroit où repose le corps d’une femme matérialise la fin du lien conjugal avec son époux.
La calebasse entre art et musique
La calebasse, au-delà de son rôle domestique et rituel, est un objet artistique et culturel. Elle sert d’instrument de musique pour les balafons, koras, l’arc musical, le Bendré et autres percussions, accompagnant chants, danses propres à ses communautés.
Elle est aussi un objet décoratif, sculptée, gravée ou peinte, reflétant symboles, histoires ancestrales et créativité artisanale.
Qu’elle soit domestique, rituelle, musicale ou décorative, la calebasse demeure indispensable de la vie traditionnelle africaine. Du berceau à la tombe, elle véhicule les valeurs de maternité, d’hospitalité, de continuité culturelle et de respect des ancêtres.
Youmanli DOUMI (Stagiaire)
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