La parole chez les Mossé du Burkina Faso est un acte sacré qui engage la responsabilité de celui qui la prononce. Ainsi, toute parole émise peut entraîner des conséquences sur les relations sociales et l’équilibre communautaire.
Mythes, dogmes ou pratiques ancestrales, en Afrique, et particulièrement chez les Mossé du Burkina Faso, la parole a toujours valu son pesant d’or. En effet, elle porte un contenu immatériel qui impose à son auteur une charge contractuelle vis-à-vis de ses interlocuteurs. Dans la tradition moaga, la parole est un acte sacré, porteuse de vie ou de destruction, de paix ou de discorde. Dire est un acte grave, car la parole engage celui qui la prononce, tout autant qu’elle façonne les liens entre les membres de la communauté.
De nombreux proverbes moose enseignent la prudence et la responsabilité dans l’usage du verbe.
Gomd yaa wa yãntr moogo. A sã n fooge a lebsg yaa toogo.
(La parole est comme une tige de paille: une fois arrachée, il est difficile de la remettre.)
Ce proverbe nous rappelle que la parole, une fois prononcée, échappe à celui qui l’a émise. Comme une tige fragile que l’on ne peut replacer sans la briser, une parole irréfléchie peut laisser des blessures irréparables. Ainsi, avant de parler, le sage pèse ses mots comme on pèse de l’or.
De la même manière :
A leb n yaa wa koom, koom sã n daage a wʊkr yaa toogo.
(La parole est comme de l’eau renversée : une fois répandue, elle ne peut être ramassée.)
Quand la parole bouleverse l’ordre établi…
Lorsqu’une parole est dite, des conséquences d’ordre social, moral, psychologique et même spirituel peuvent en découler, en particulier dans des sociétés ayant un ancrage traditionaliste prononcé, où la parole a une valeur sacrée, comme dans la société moaga. Elle peut entraîner une rupture du pacte social, accompagnée d’une perte de confiance collective et d’un affaiblissement des repères moraux. Cela constitue un danger pour le maintien de la paix et de la stabilité dans la société.
Sur le plan spirituel, certaines paroles peuvent être perçues comme une offense aux ancêtres et aux entités invisibles ou surnaturelles. Cela peut entraîner des malheurs, des maladies, des infertilités ou d’autres formes de malédictions.
Sur le plan politique et institutionnel, la parole peut être la cause d’une perte de légitimité pour les autorités, et compromettre les efforts de paix ou de réconciliation.
Dans un contexte de crise sécuritaire profonde, comme celui que traverse le Burkina Faso, où la parole se banalise sur les réseaux sociaux et dans l’espace public, la tradition moaga nous rappelle qu’elle est une force qui construit ou détruit. Il est essentiel pour chaque citoyen burkinabè de faire preuve de retenue et de responsabilité dans ses propos. En la respectant, en la mesurant, en l’honorant, nous pouvons reconstruire la confiance et contribuer à la stabilité de notre pays en quête de paix.
Gouri et Doumi, stagiaires
