Dans de nombreuses cultures africaines, le cordon ombilical au-delà d’un résidu biologique est perçu comme un élément sacré, porteur d’énergie vitale, de mémoire et de force protectrice. Pour certaines croyances, il représente le symbole même de l’origine, de l’appartenance, voire de la destinée. C’est pourquoi des rites de conservation ou d’enterrement du cordon sont encore pratiqués afin de garantir une protection spirituelle durable à l’enfant.

« Moi, à la naissance de ma fille, après que le cordon soit tombé, ma belle-mère a pris le soin de le ranger dans un coin de la maison », raconte Sibdou, une jeune maman. « Elle m’a expliqué que ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait laisser traîner. Un chien ne doit surtout pas le manger. On doit le garder dans un endroit sûr, à l’abri des regards et des esprits malveillants. » ajoute-t-elle.
Le cordon ombilical apparaît comme un fil sacré qui lie vie, science et tradition. Scientifiquement le cordon ombilical est un tube souple qui relie le fœtus au placenta, organe temporaire qui nourrit et protège l’enfant durant la grossesse. Grâce au cordon, l’enfant reçoit l’oxygène et les nutriments essentiels. C’est aussi, grâce au cordon, que l’enfant élémine ses déchets
À la naissance, lorsque le bébé commence à respirer de par lui-même, le cordon ombilical est sectionné. Ce geste, apparemment simple, marque une rupture à la fois physique et symbolique avec le corps maternel.
En tant que premier lien, le cordon incarne ce qu’il y a de plus sacré dans notre humanité : la relation. Il demeure un canal banal mais puissant entre le visible et l’invisible, entre le biologique et le mystique.
Des pratiques qui varient selon les régions
Au Burkina Faso, les traditions liées au cordon ombilical varient selon les groupes ethniques et les régions, mais elles partagent toutes un respect profond pour ce lien de naissance. Lorsque le cordon tombe, c’est généralement à la maman ou la grand-mère que revient sa gestion.
Chez les Mossé (ethnies majoritaire dans la région du plateau central), le cordon est souvent enterré dans un endroit discret de la concession familiale, généralement près d’un arbre ou dans un coin de la maison. Ce lieu devient symboliquement rattaché à l’enfant, comme un ancrage.
Dans le Gulmu (région de l’Est), certaines familles conservent le cordon dans une petite calebasse, soigneusement gardée par la mère ou une aînée .
Chez les Bobo ou les Lobi, des rituels de purification accompagnent souvent la chute du cordon. Il peut être brûlé, mêlé à des décoctions, ou confié à un ancien pour des invocations protectrices.
Dans certaines familles urbaines, la tradition se réinvente, chaque famille y va de son entendement et dans certaines famille, le cordon est parfois séché et gardé dans une boîte personnelle symboliquement.
Scientifiquement, ce reste n’a pas d’usage médical reconnu aujourd’hui. Mais depuis les années 1990, la médecine moderne s’intéresse de près à ce “reste” de naissance au moment de l’accouchement. Le sang du cordon ombilical, riche en cellules souches, est de nos jours utilisé dans divers traitements médicaux, notamment pour soigner certaines maladies du sang. Ce que la science commence à valoriser était, depuis des siècles déjà, honoré et respecté dans les traditions.