Chez les gourmantcheba de la région de la Tapoa du Burkina Faso, la sortie des initiés est une étape importante des rites d’initiation qui marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Après plusieurs semaines passées au camp où ils ont appris les valeurs fondamentales de la vie en communauté, les initiés reviennent, transformés. Danses, chants et rituels rythment cette réjouissance populaire.

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Après plusieurs semaines passées en retrait pour leur initiation loin de leurs proches, les jeunes garçons sont fins prêts à effectuer leur sortie et à franchir une étape décisive : devenir des hommes comme le veut la tradition gourmantché. Chez les Gourmantcheba de la Tapoa dans l’Est du Burkina Faso, li koanñali ou la sortie des initiés, constitue un moment solennel et de réjouissance populaire marqué par des rituels, des danses, des chants. Elle symbolise le passage des initiés ou « a junga » de l’adolescence à l’âge adulte et leur confère le droit de siéger à la table des aînés. Reconnus comme des adultes, ils sont porteurs de valeurs qui guideront leur vie : respect des anciens, discipline, courage, solidarité, sens des responsabilités et maîtrise de soi, nous confie Mindieba OUALI, blogueur socioculturel. À ces valeurs morales s’ajoutent des principes spirituels essentiels, tels que l’humilité, le lien aux ancêtres et l’hospitalité. 

La purification des lieux

La veille de la cérémonie de li koanñali ou la sortie des initiés, les masques traditionnels, « a tona » sortent pour purifier les lieux et annoncer la fête du lendemain. Ils esquissent des pas de danse en faisant le tour des concessions du village. Leur rôle est très capital dans la réussite de la cérémonie de sortie des initiés. 

L’accompagnement du parrain et des mères

Le jour de la sortie, les nouveaux initiés quittent le camp d’initiation pour se rendre dans la cour de leur parrain symbolique, appelé naániLe Naáni ou le parrain est le guide spirituel de tout le processus d’initiation, il est désigné dès le début du camp. Au cours de l’initiation, ou la sortie des initiés, il est investi d’une grande responsabilité à savoir prier pour leur protection de ses filleuls, anticiper les dangers, garantir qu’aucun mal ne leur arrive et faire tout son possible pour que la cérémonie se passe dans les règles de l’art.

Tenues à l’écart de certaines étapes visibles du rituel et entre angoisse et prières, les mères jouent un rôle crucial pendant tout le processus d’initiation. Elles ont la charge de préparer les repas et doivent aussi confectionner ou entretenir les accoutrements des initiés. Certaines femmes, notamment du côté maternel, reçoivent aussi des responsabilités plus spécifiques, bien que souvent discrètes ou non divulguées.

L’accoutrement du jour de la sortie : symbole de la maturité

À la sortie du camp d’initiation, les jeunes reviennent vêtus de tenues spécifiques : habits neufs en pagnes traditionnels gourmantché, bâtons et parfois des fouets. Ces vêtements, portés uniquement pour cette occasion, marquent une rupture symbolique avec l’enfance. Ils traduisent la transformation sociale de l’initié en adulte. Chaque élément a une signification : les habits neufs symbolisent la renaissance, les bâtons représentent la bravoure, la direction et la virilité, tandis que les fouets sont associés à la protection spirituelle, utilisés pour chasser les mauvais esprits. Cet apparat est aussi esthétique et festif, renforçant le caractère exceptionnel et solennel du passage à l’âge adulte, comparable à une remise de diplôme ou à une cérémonie de mariage.

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Entre danses et félicitations

Le matin du jour de la sortie, tous les initiés, sont reçus officiellement par leur parrain dans leurs nouvelles parures signe de leur renaissance sociale. Ils entament ensuite des danses rituelles, en passant de concession en concession, notamment celles de leurs familles ou proches, pour recevoir bénédictions, félicitations et dons. Ce périple festif peut durer plusieurs jours selon le nombre d’initiés et de concession.

Enfin, s’il existe un marché local, les initiés y font aussi une entrée symbolique, marquant leur retour dans la vie publique en tant qu’hommes reconnus par la société.

li koanñali ou sortie des initiés, marque la fin d’un long processus de socialisation et l’entrée solennelle des jeunes dans le monde des adultes, selon la tradition gourmantché. Dans la région de la Tapoa, à l’Est du Burkina Faso, le contexte sécuritaire pousse désormais les garants de la coutume à adapter certains aspects de cette cérémonie. Mais même fragilisée, li koanñali ou sortie des initiés continue de faire vibrer les cœurs. Car au-delà des réjouissances parfois réduites, demeure l’essentiel : proclamer, aux yeux de tous, la naissance sociale de l’homme nouveau.

Merci à Mindieba Ouali, grâce a qui cet article a pu être réalisé