Un conte traditionnel africain sur la trahison et la fin de la confiance
Il fut un temps, il y a bien longtemps, où le lièvre et le chacal étaient inséparables. Ils jouaient ensemble, chassaient ensemble, partageaient leurs histoires et leurs rires sous l’ombre du baobab.
Dans toute la savane, on disait :
“Où va le lièvre, le chacal le suit ; où s’arrête le chacal, le lièvre s’assoit.”
Cette amitié semblait éternelle… jusqu’au jour où le malheur frappa.

Une grande saison sèche s’abattit sur la savane. Les rivières se tarirent, les feuilles tombèrent, et les fruits devinrent rares. La faim commença à gronder dans les ventres et dans les cœurs.
Le lièvre et le chacal, toujours soudés, décidèrent d’unir leurs forces pour trouver de quoi survivre. Après plusieurs jours de recherche, ils tombèrent sur une vieille termitière abandonnée. À l’intérieur, bien cachée, se trouvait une petite réserve de grains de mil et de racines séchées.
— Nous partagerons cette nourriture, dit le chacal. Et nous viendrons ensemble chaque matin pour prendre ce qu’il nous faut.
Le lièvre acquiesça. Ils rebouchèrent l’entrée avec des feuilles sèches et posèrent un gros rocher par-dessus pour protéger leur trésor.
Mais cette nuit-là, alors que le vent soufflait doucement sur la savane, le lièvre ne parvint pas à dormir.
Son estomac criait famine, et son cœur s’assombrit de convoitise.
— Et si le chacal décidait de tout prendre demain ? se dit-il. Après tout, je l’ai trouvé moi aussi, ce trésor…
Guidé par l’égoïsme et la peur, il sortit discrètement de sa case, roula le rocher, déterra la cachette et mangea plus de la moitié des provisions. Puis il remit tout en place et retourna se coucher, le ventre plein, mais l’âme lourde.
Le lendemain, le chacal arriva à la cachette, heureux de retrouver son ami.
Mais dès qu’il ouvrit le passage, son cœur se serra : la moitié du mil avait disparu.
— Qui aurait pu faire ça ? s’étonna-t-il. Mais… la terre est piétinée… ce sont des traces de… lièvre.
Il suivit les empreintes, les reconnut. Il n’y avait plus de doute.
Le chacal ne dit rien tout de suite. Il rentra chez lui, le regard sombre, le cœur brisé.
Le jour suivant, il attendit le lièvre à la rivière et lui dit :
— Ami, mon ventre est vide, mais ce n’est pas ça qui me fait mal. C’est mon cœur. As-tu mangé sans moi ?
Le lièvre détourna les yeux.
— Je ne sais pas de quoi tu parles…
Le silence s’installa entre eux. Il était plus fort que mille rugissements.
Depuis ce jour, le chacal et le lièvre ne furent plus jamais amis.
Lorsqu’ils se croisent, ils se mentent, se piègent, se fuient.
Ce qui fut une belle amitié est devenu une guerre de ruse et de rancune.
Leçon
Ce conte traditionnel africain nous rappelle que la trahison est une blessure que même le temps ne guérit pas toujours.
La confiance est comme un pot d’argile : une fois brisé, on peut tenter de le recoller, mais il ne sera plus jamais le même.
Une amitié trahie devient une ombre de ce qu’elle fut.